samedi 4 juin 2011

Petite pause dans les travaux pour des histoires

Juste une heure ou deux. Mon mari coupe les carreaux. C'est un as ! Mais comme il est plus rapide de les coller que de les couper, j'ai un peu de temps devant moi.

Alors un peu de lecture. Toujours Jacques Lacarrière "Au coeur des mythologies"

(...) Les héros - ou héroïnes - devenus plantes sont légion. (...)

Le roi de Chypre, un nommé Cinyras, avait une fille du nom de Myrrha. Cette fille qui s'estimait fort belle, prétendit un jour égaler Aphrodite et la déesse, pour se venger, fit naître en Myrrha un désir incestueux à l'égard de son père. Myrrha tenta de résister à cette passion contre nature mais tous ses efforts furent vains. Au point qu'une nuit, après maints subterfuges et avec l'aide d'une servante, elle réussit à s'unir à son père, à l'insu de celui-ci. La nuit suivante, elle recommença mais son père découvrit la ruse et poursuivit sa fille pour la tuer. Myrrha s'enfuit et les dieux, pour la protéger, la transformèrent en un arbre, l'arbre à myrrhe. C'est pourquoi l'écorce de cet arbre exsude une résine odorante : ce sont les larmes de Myrrha.

Quand elle fut transformée en arbre, Myrrha était enceinte de son père. L'enfant grandit et, un beau jour, creva l'écorce et vint au monde. Aphrodite, émue par sa beauté, le prit et le baptisa Adonis, ce qui signifie "le Seigneur".
Elle le confia à Perséphone, la déesse des Enfers, pour l'élever jusqu'à l'âge de raison mais Perséphone, émerveillée à son tour par la beauté de l'enfant, ne voulut pas le rendre. Les dieux arbitrèrent le conflit et décidèrent qu'Adonis passerait un tiers de l'année avec Perséphone, un autre tiers avec Aphrodite et ferait ce qu'il voudrait du tiers restant.
Aphrodite venait tout juste de prendre "possession" de son favori, devenu adolescent, lorsque celui-ci eut envie d'aller à la chasse. Profitant d'une absence de la déesse, il s'éclipsa et partit. Mais il fut tué dans la forêt par un sanglier. Aphrodite entendit son cri, accourut et, dans sa hâte, se piqua à une épine de rose. Le sang de la déesse coula : depuis ce jour, les roses sont roses ou rouges car avant, toutes étaient blanches. Adonis mourut dans les bras d'Aphrodite. Son sang se répandit sur le sol et colora lui aussi les fleurs qui s'y trouvaient : des anémones. Depuis ce jour les anémones ont la couleur du sang d'Adonis et la fragilité éphémère de sa vie : elles s'effeuillent au moindre souffle.

Arbres à myrrhe, roses, anémones...Le mythe d'Adonis est tout pénétré des senteurs des fleurs printanières dont il explique la couleur et l'aspect. Mais plus encore, il marque bien l'origine végétale de l'homme puisque Adonis naît d'un arbre au printemps et que son destin dramatique sera celui de la végétation, un éphémère printemps, des couleurs éclatantes et le retour brusqué vers les ténèbres des Enfers. C'est pourquoi en Syrie, chaque année, les femmes pleuraient la mort de leur dieu préféré en confectionnant dans des pots de petits jardins qui se fanaient en quelques jours, images de la vie d'Adonis.

Dramatique fut aussi la métamorphose de la nymphe Daphné. Daphné était une nymphe d'une grande beauté dont Apollon tomba amoureux fou. Mais Daphné n'était guère portée vers les hommes - fussent-ils des dieux - et elle refusa les avances d'Apollon. Le dieu, furieux, la poursuivit à travers monts et plaines et quand Daphné vit qu'il allait la rattraper, elle supplia Zeus de la prendre en pitié. Et Zeus la transforma en laurier sauvage. Alors Apollon dut se "rabattre" sur la plante : c'est depuis ce jour que le laurier (daphné en grec ) devint sa plante préférée.

Chaque nom de plante - ou presque - rappellerait une légende analogue : Narcisse dont on connait déjà l'histoire, métamorphosé en fleur alors qu'il se languissait près d'une source devant sa propre image (ce qui explique pourquoi cette fleur aime l'eau et penche sa corolle vers le sol ), les Héliades, les soeurs de Phaéton, transformées en peupliers alors qu'elles pleuraient debout autour du tombeau de leur frère foudroyé (ce qui explique que le murmure des peupliers dans le vent ressemble à une lamentation éternelle).

Chacune de ces légendes est à la fois très proche et très différente des autres. Elles décrivent une même histoire et possèdent un symbolisme identique -histoire toujours tragique où le sang d'un dieu, d'un héros se répand sur le sol et confère aux fleurs, leurs teintes sombres et leur fragilité - mais chacune a un charme particulier, un détail important qui lui donnent une résonance unique. Ainsi la légende de Cyparissus.


Cyparissus était un jeune berger aimé d'Apollon et qui avait un cerf pour compagnon. L'enfant et l'animal passaient tout leur temps l'un avec l'autre, ne se quittant jamais. Mais un jour où la chaleur torride pesait sur la campagne, le cerf se coucha à l'ombre pour dormir t Cyparissus le tua par mégarde. Fou de douleur, il se mit à pleurer sans trêve et Apollon, prenant pitié de lui, le transforma en cyprès. Voilà pourquoi, cet arbre est le symbole de la tristesse et des lamentations.

La suite plus tard. Et puis mille mercis pour tous vos messages et de gros bisous. J'espère que votre week-end se passe très bien.
Au fait, vous avez vu, Mesdames ? Nous avons un homme maintenant et non, ce n'est pas mon fils !
Alors bienvenu à Jerry OX qui nous parle de musique, de cinéma, chante lui-même. Désolée ! Pas encore eu le temps de tout aller découvrir sur son blog pas plus que sur celui de Danaou qui a fait une première petite visite.
Merci à toutes de vos soutiens et conseils. Gros bisous.

1 commentaire:

  1. J'ai beaucoup Jacques Lacarrière, au temps où je passais tous mes étés en Grèce! et j'ai adoré entre autres ce livre!!
    Bonne fin de journée au soleil ! Bises

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